En de grandes heures solitaires, nos âmes peuvent visiter

D’immobiles royaumes d’impérissable Lumière

D’omnivoyants pics d’aigle de Puissance silencieuse

Et des océans de brusque Béatitude, comme un abîme de feu blanc

Et les calmes immensités de l’Espace spirituel.

Savitri livre I, la connaissance secrète

Comme le Sage du Shivaïsme du Cachemire Abhinavagupta l’énonça : la ‘libération (moksha) n’est rien d’autre que la reconnaissance (pratyabhijna) de sa nature véritable’, la réalisation de la conscience ultime et originelle, la conscience de Shiva, dans laquelle l’univers entier des relations apparaît en tant que conscience individuelle témoin.

Les disciplines spirituelles à caractère patriarcales veulent disgracier, contraindre et réprimer les sens, les désirs et les pensées, et elles ont échelonné le processus de libération pour en faire un processus d’asservissement du corps et de l’individu, dans un système spirituel que j’appelle la guru mafia.

Cependant l’illumination peut s’effectuer de manière spontanée et organique tout en commençant par la plus haute réalisation, et le développement de votre plein potentiel peut se faire au travers du désir et du plaisir, immergé dans le monde des relations, le jeu divin de la conscience, entre silence dynamique et activité silencieuse. Il existe une unité entre le silence et l’activité, qui se reflète dans le système nerveux, et qui peut être cultivée, sans créer de fatigue nerveuse. C’est à partir du silence source que toute forme et toute activité émergent, qu’elle soit pensée, parole ou action.

Ainsi, le silence expérimenté par la coupure des petites voix incessantes du dialogue intérieur amène à la connaissance silencieuse et permet un entrainement fondamental de l’attention. Gagner le silence est le premier tantra. Il s’agit de cultiver le silence et la position de témoin, pour que la pure conscience se maintienne naturellement dans le système nerveux, dans la vie de tous les jours.

 De nombreuses approches sont possibles, par la méditation, la contemplation, la concentration et la transcendance, par la voie de la verticalité (transcendance shivaïste) ou de l’horizontalité (la baiser de la Déesse), en passant du personnel à l’impersonnel pour revenir transformé, porteur de connaissance (vidyadhara). Une fois établi dans le silence, le yogi peut explorer la puissance de la conscience et les merveilles de l’incarnation, et développer ses capacités d’enfants lumineux qu’on appelle les siddhis, ou pouvoirs divins, extraordinaires ou parapsychologiques.

Le silence de la conscience

« Je célèbre la manifestation du Soi, expérimenté comme la félicité qui naît de la pure attention conscience atteinte par une investigation approfondie de la conscience qui a réalisé le vide de [tous] les objets [de la pure attention conscience] »

Śrī Hrasvanātha “The Flowering of One’s Own Enlightenment”

Le mot méditation viendrait du sanscrit madha (« sagesse »), du grec ancien μανθάνω, manthanô (« apprendre »), et μῆδος, mêdos (« pensée »), de l’indo-européen commun *mendh– (« faire attention, prêter attention ») ; au persan مزدا, Mazda (« sage »). Muni signifie « le silencieux » – 1) l’ascète qui pratique le silence (mauna); 2) le sage, celui qui connaît la valeur du silence.

Une attitude yogique-gnostique requière pour tout sujet une investigation, et la conscience n’en est pas exclue, bien au contraire. Les mécanismes et fonctionnements du corps conscience, cette relation indissoluble entre la pensée et l’apparence de la matière, la continuité entre l’être transcendant, l’être subtil et l’être physique recèlent de nombreux mystères à dévoiler et comprendre. Il s’agit d’une sagesse inhérente de l’être qu’il est possible d’étudier par l’observation, la contemplation et la méditation et qui vient à nous telle un délice de l’âme. Le Yoga Tantra est une contemplation perpétuelle, vers une intégration du corps esprit, vers la complétude, offrant des outils d’accélération de l’évolution, sur la base du silence de l’être, le silence intérieur, appelé antar mauna, la conscience témoin, qui peut se demander : d’où vienne mes pensées ?

« Comme un singe, l’esprit est toujours en mouvement. Cette agitation perpétuelle de l’esprit cause le plus grand tort aux hommes ordinaires. A vrai dire, elle est la cause de tous leurs maux. Et c’est justement parce qu’elle est absente dans le sommeil profond qu’on y éprouve de la joie. »

Haritâyana La doctrine secrète de la déesse Tripura

Les bénéfices de ces différentes techniques, formant une véritable technologie de la conscience, sont multiples. En premier lieu, il va s’agir de verticalité, dite transcendante, car tout en clarifiant l’esprit conscient, la méditation va permettre de faire l’expérience du silence, du non agir, pour plonger profondément à l’intérieur de la rivière de la conscience, à partir des couches superficielles de l’esprit vers ses profondeurs, pour éventuellement, les transcender et atteindre la Source silencieuse de l’être.

L’incapacité d’écouter et de ressentir est une des caractéristiques de l’homme moderne. Il s’agit de stopper temporairement l’appréhension de la matérialité pour laisser la conscience être la base de l’expérience et d’enlever les obstacles devant la perception de l’Absolu. La conscience engendre la pensée qui donne naissance à l’action. Tout changement commence par une prise de conscience qui catalysera la transformation et la réactualisation de votre potentiel, pour utiliser votre potentiel mental complètement. Il est reconnu aujourd’hui que la méditation modifie en profondeur la structure et le fonctionnement du cerveau en réorganisant l’activité des circuits cérébraux qui sous-tendent la régulation de l’attention et des émotions. On parle de plasticité du cerveau, ce qui renvoie à un entrainement, comme un muscle. Différentes méditations engagent différentes parties et fonctions du cerveau.

Les sens représentent les portes de la conscience. C’est à travers eux, la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat, que la perception du monde extérieur se réalise, mais également la perception intérieure. Ainsi, c’est par les sens que le chemin vers l’Absolu commence. Chaque sens peut en effet être raffiné pour être ramené vers sa source, qui n’est autre que la pure conscience.

L’unité du pur silence, la pure conscience du champ unifié de toute la vie est à la base de la diversité, tout comme la sève dans une fleur devient les différents pétales, la tige, le rouge, le vert et l’éclat vital.

Pratyahara

Ce terme sanskrit signifie retraite, abstraction ou dissolution, abstraction des sens, retrait des objets de leur perception. prati signifie éloigné et ahara nourriture, ce qui laisse penser à un éloignement de la nourriture ; la nourriture de l’être, dans la conscience de veille, s’effectue par la voie des sens, et par le bonheur qu’ils procurent. Ainsi pratyahara désigne un retrait des sens du monde extérieur, et représente un premier degré de méditation vers l’essence, l’expérience d’un niveau moins agité et d’un état de conscience plus élargi ; il s’agit d’un jeûne ou hormèse sensorielle : les sens sont tournés vers l’intérieur, raffinés, jusqu’à saisir leurs impulsions originelles ; on peut alors apprécier toute la subtilité du goût, du toucher et des parfums.

L’énergie n’est plus ‘gaspillée’ et participe à la régénération et à l’ouverture de la conscience, au-delà de la matière physique. Ramener les sens vers leur source est ce qui permet d’ouvrir le système bioénergétique et d’atteindre la plénitude, en se dirigeant vers l’intérieur. Les expériences sensorielles les plus fines qu’on appelle les Tanmatras, sont les graines de la sensation, de la vue, de l’ouïe, du goût et de l’odorat qui reposent dans la conscience. Les Tanmatras sont utilisés par exemple dans toute visualisation, et sont relatifs au pouvoir d’imagination, comme des impulsions du monde des formes et de la manifestation, de la projection ou émergence de la pure conscience vers le physique. Pour en faire l’expérience, imaginez le son de votre instrument préféré, le parfum du lila, le gout de la pêche, ou encore le visage de votre meilleur ami…

Ce n’est pas en torturant les sens que les passions vont s’éteindre, au contraire, elles n’en seront que plus vives. C’est plutôt en présentant aux sens et à l’esprit un état de félicité naturelle supérieure que les sens relâcheront leur fascination extérieure par un genre d’indifférence née de l’expérience de la béatitude intérieure, éteignant naturellement la tentation.

Dharana

Ce terme sanskrit signifie « qui tient, qui porte, qui garde, qui protège ». Dans le yoga, c’est l’étape de la concentration de l’esprit ; il s’agit de la fixation de la pensée, et correspond à la maîtrise de l’attention et de l’intention. L’énergie se dirige là où se dirige l’attention, vers l’intérieur ou vers l’extérieur. L’objet de votre attention prend vie par l’intermédiaire de votre conscience. L’attention participe de la concentration qui elle-même participe à toute réalisation. L’intention possède un pouvoir infini, c’est un chemin de réalisation de vos désirs.

L’attention et l’intention vont être les catalyseurs principaux de tous les exercices du Yoga Tantra, visant à réveiller et grandir votre potentiel d’être social et lumineux, pour apprécier de façon optimale tout ce que la vie a à offrir. L’attention permet de canaliser la perception, de rentrer en connexion, d’enclencher un processus naturel et spontané de transformation, afin de nourrir et vivifier la vie. Elle est un activateur de présence à soi-même et au monde, une force tangible qui est cultivée dans tout le panorama d’exercices que propose le Yoga Tantra. L’intention quant à elle permet d’engager l’attention dans le champ des possibles. L’intention est une force impondérable qui nous pousse à nous comporter selon ce qui peut être décrit comme l’intention, le souhait, la volonté, etc. C’est à la fois une force personnelle, intime que nous possédons et utilisons individuellement, et une force invisible qui existe dans l’univers, n’ayant pas connaissance d’elle-même, mais affectant pourtant chaque chose, pour reprendre les termes de Castaneda. Avec ces deux alliés, vous faîtes une vie, en vous dirigeant vers l’Infini, et vous renforcez votre corps conscience.

Il disait qu’il existe dans l’univers une force incommensurable, indescriptible, que les sorciers appellent l’intention, et qu’absolument tout ce qui existe dans le cosmos entier est relié à l’intention par un lien de communication. Les sorciers, ou les guerriers, comme il les appelait, s’occupaient de discuter, de comprendre et d’utiliser ce lien de communication. Ils s’occupaient surtout de le nettoyer des effets paralysants qu’entraînaient les préoccupations ordinaires de leur vie quotidienne. À ce niveau, on pouvait définir la sorcellerie comme la procédure consistant à nettoyer son propre lien de communication avec l’intention.

Carlos Castaneda La force du Silence

Dhyana

Etymologiquement il signifie simplement méditation ou contemplation ; cet état de pure équanimité engendre l’arrêt du souffle : quand le prana est silencieux, l’intellect est silencieux. En quittant le champ de l’activité, la méditation crée un champ d’énergie et un état où les blocages, les idées et les influences qui vous limitent ont du mal à s’incruster. Un état d’équanimité et de relaxation correspondant à notre nature originelle se développe, le bien être fait place à l’angoisse. La relaxation de toutes les fibres du corps permet qu’on ne s’accroche plus au corps, ce qui nous revitalise, et nous permet d’être présent dans chaque cellule du corps. Cet état développe la conscience du témoin, votre essence, l’observateur éternel et non changeant, l’être serein et détaché dans le monde des phénomènes, la seule constante de votre vie en perpétuelle mutation.

La méditation amène à observer son monde intérieur des pensées, des sentiments et des sensations qui apparaissent dans la conscience, comme un flot continu, sans avoir à s’y arrêter, y réagir ou y répondre. Cela développe grandement votre pouvoir de discernement et de discrimination (viveka) au sein du théâtre cosmique. Dans cet état, le monde des cinq sens est complètement transcendé, il n’y a plus d’action, de mouvement du mental, et la joie est ressentie ; on peut voir à partir de l’intérieur de la réalité l’involution de la forme pensée ; l’idée de voir à partir de l’intérieur s’appelle anubhava.

Samadhi

Cet état d’attention sans limite au cœur du silence est notre nature véritable qui s’étend au-delà de l’identification avec la conscience de l’ego et mène à une identification avec le Soi immortel (atman). Il s’agit de l’unification avec l’être complet ou total, la pleine cognition, l’illumination ; c’est un état d’absorption, qui repose sur une conscience pure, illimitée, d’équanimité parfaite, se situant au-delà de l’espace-temps, au-delà du personnel, étant passé de l’ego à l’esprit, et qui représente un aperçu du champ de l’éternité et de l’infini. Cet état de l’être est la source de votre authenticité, en dehors des rôles sociaux ou moraux de la vie mondaine.

« Quand l’esprit vient à se reposer, contenu par la pratique du yoga, et en contemplant le Soi, il est satisfait dans le Soi. Celui qui trouve son bonheur à l’intérieur, sa délectation à l’intérieur, et sa lumière à l’intérieur, ce yogi atteint la félicité de Brahman, devenant Brahman. »

Bhagavad Gītā Chapitre VI verset 18

L’interprétation commune des Yoga Sutra de Patañjali, stipule que l’étudiant doit, étapes par étapes, maitriser ces différentes pratiques appelées les 8 membres du Yoga, (yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, samadhi) menant à l’ultime samadhi, en commençant par l’éthique (yama). Cependant, ceci est une interprétation inversée, déviée et déviante, un non-sens, car on ne peut se forcer à être bon, comme on ne peut forcer un état sur le système nerveux ; non seulement cela engendre la fatigue du système, mais cela ne reste qu’une humeur superficielle à caractère clairement hypocrite.

Il semble préférable, et cela a été souligné par Maharishi Mahesh Yogi et par les sages du Shivaïsme du Cachemire, de mener l’étudiant en Yoga Tantra directement à la Source par la plus haute pratique, l’union avec la conscience suprême. Par cette union, tous les aspects de la vie du yogi (les huit membres : astanga) seront ainsi spontanément et simultanément nourris, comme la sève d’un arbre nourrit l’ensemble de l’être arbre, le tronc, les branches et les feuilles, permettant l’épanouissement complet de l’individu, sans effort, naturellement, jusqu’à son cœur et son sens des valeurs et de l’éthique (yama), qui alors reflètera véritablement les qualités divines profondes.

Oh Seigneur ! Avec votre grâce la plus prompte, fais-moi tout transcender, la volonté, la connaissance et l’action !

Pandit Krishan Joo Razdan

Le contact régulier avec la conscience transcendantale, pratique qui engendre une alternance entre silence et activité, imprime graduellement cet état de l’Etre sur votre système nerveux, qui relâche alors ses tensions et agitations diverses. Cette impression reste ensuite dans la conscience ordinaire pendant les activités quotidiennes, permettant de vivre une vie plus éveillée, et plus authentique, vers la conscience cosmique. Les non-faires vous permettent de faire une pause, d’être calme, de vous écouter et d’écouter les autres et d’être attentif à ce que le monde a à vous dire. Car la méditation n’est pas seulement faite pour de retirer du monde mais aussi pour s’y engager avec tout son être.

Il se peut aussi que ce chemin direct d’union ne soit pas dans la disposition naturelle de tous. Un autre chemin possible, mais qui demande une grande maîtrise de soi, est de réaliser tous ses désirs afin de rencontrer la satisfaction. Un désir réalisé s’éteint de lui-même.

« Ici, nul besoin de progrès spirituel ni de contemplation, ni d’habileté de discours, ni d’enquêtes, nul besoin de méditer, ni de se concentrer, ni de s’exercer aux prières marmonnées. Quelle est, dis-moi, la Réalité ultime absolument certaine ? Écoute ceci : ne prends ni ne laisse et, tel que tu es, jouis heureusement de tout. »

Abhinavagupta

Les Siddhis

Il s’agit du stade de développement des pouvoirs parapsychologiques qu’on appelle siddhis, qui se traduit par action parfaite, capacité extrasensorielle, efficacité, prospérité, la maîtrise des pouvoirs du monde. La réalisation de la perception suprasensorielle est l’une des étapes du Yoga. En effet, lorsque le système nerveux se libère des tensions, les expériences plus subtiles peuvent se produire. La dimension, la substance, et le temps sont des valeurs relatives nées de nos rythmes vitaux, et des limitations de notre perception. C’est important puisque nous pouvons envisager la possibilité de certains pouvoirs recherchés dans la pratique de yoga, tel que la perception au-delà du temps ordinaire, dans le passé ou le futur, et au-delà de la dimension apparente, dans l’infiniment grand ou l’infiniment petit. Le temps absolu, l’éternité, n’existe que dans le moment présent, un imperceptible moment entre le passé et le futur.

Le Yoga Tantra comporte et explique des procédures techniques pour explorer les possibilités latentes de l’inconscient (ou subconscient), pour dépasser les sens, et les modes de perception qui amènent de remarquables réalisations à la fois spirituelles, intellectuelles et physiques. Les vertus sont par exemple des techniques qui n’ont une valeur seulement si nous sommes conscients de leur portée, lorsque nous cherchons à atteindre les résultats auquel elles mènent.

« Lorsque surgit la Conscience en tant que contact immédiat avec soi-même alors le réel et l’irréel, le peu et l’abondant, l’éternel et le transitoire, ce qui est pollué par l’illusion et ce qui est la pureté du Soi apparaissent radieux dans le miroir de la Conscience. Ayant reconnu tout cela à la lumière de l’essence, toi dont la grandeur est fondée sur ton expérience intime, jouis de ton pouvoir universel. »

Abhinavagupta

Les siddhis sont des pouvoirs magiques. L’exploration et le contrôle de son univers intérieur en utilisant les facultés qui ne sont pas limitées par les barrières des sens, et en maîtrisant les fonctions physiques, les rythmes vitaux, les mécanismes mentaux, permet à l’adepte du yoga de développer des pouvoirs qui sont normalement latents dans l’homme. Ces pouvoirs sont appelés Siddhi, accomplissement, ou pouvoir des dieux, aishvarya.

Ce sont les pouvoirs du yoga qui ont permis les observations sur lesquelles se basent les théories cosmologiques du sâmkhya. Les siddhas, ceux qui ont su développer les Siddhis, ont pu voir fonctionner l’infiniment petit, ou regarder de l’extérieur les galaxies mieux que ne le permettent les appareils d’observation les plus sophistiqués. Il n’est pas nécessaire de traverser les mers avec un chronomètre pour savoir la différence d’heure entre l’Inde et les cités mayas, comme nous l’indique avec précision le géographe à Aryabhata, il suffit d’être dans les 2 endroits en même temps, un peu comme la radio nous permet de le faire aujourd’hui ; on ne peut comprendre les possibilités du yoga et les textes qui les décrivent que si l’on tient compte du fait que l’exploration des secrets du monde et le développement des pouvoirs supra naturels qui permettent cette exploration en sont le premier objectif.

Le yogi qui a perfectionné les Siddhis acquiert donc des pouvoirs qui appartiennent aux Dieux (aisvarya) et qui sont essentiellement le pouvoir de la vision (Drik shakti) ou pouvoir de connaissance (Jnana Jhakti), c’est-à-dire l’omniscience, ainsi que les pouvoirs d’action (Kriya Shakti) qui sont au nombre de 9.

Anima, atomisation, permet de percevoir l’infiniment petit.

Mahima, immensité, permet de voir de l’extérieur les structures des galaxies

Garima, pesanteur, permet d’assumer un poids énorme

Laghima, légèreté, permet la lévitation

Prapti, obtention, permet d’obtenir un objet où qu’il se trouve

Prakyama, à volonté, permet de se transporter dans n’importe quel lieu

Ishitva, souveraineté, est le pouvoir de contrôle sur le monde naturel ; il permet d’arrêter le vent, de provoquer la pluie, ou des tempêtes et cetera.

Vashitva, tenir en son pouvoir, permet de tenir tous les êtres en son pouvoir ; l’hypnotisme en est une forme élémentaire.

Yatrakamavasayitva, transformation à volonté, permet à l’adepte de prendre n’importe quelle forme, celle d’un Dieu, d’un géant, d’un brin d’herbe.

 Commentaire des sâmkhya karika 23

Le yogi peut pénétrer dans d’autres corps et réanimer des cadavres en prenant possession du vyana, de l’activité vitale qui contrôle l’ensemble des fonctions vitales et qui subsiste un certain temps après la mort apparente. Parmi les pouvoirs accessoires acquis par le siddha, l’adepte, sont ceux d’incantations et d’enchantement.

« Le yogi acquiert le pouvoir de détruire ses ennemis ou de leur nuire à l’aide de la magie imitative comme par exemple en fabriquant des images d’un ennemi et en pratiquant sur elle des rites magiques des enchantements et cetera. »

Chakravarthy, Indian historical Quaterly, ( volume 4 page 114 )

Le yogi peut d’un seul regard réduire en cendres ceux qui s’opposent à lui ; il acquiert également le pouvoir d’agir avec la vitesse de la pensée (manojavitva) et le pouvoir d’agir sans organe physique (vikarana-dharmitva). Parmi les attributs des êtres divins obtenus au moyen des siddhis, sont aussi l’absence de peur, l’absence de vieillissement et l’absence de mort.

Le yogi jouit dans son existence terrestre de toutes les voluptés que d’autres promettent après la mort dans d’hypothétiques paradis.

Le yogi ne passe pas son temps dans de vagues méditations ; il est constamment occupé par un travail intensif qui est l’exploration de plus en plus approfondie de cette image de l’être universel qui est son propre corps. Il en explore tous les recoins où sont logés les mécanismes qui contrôlent toutes les activités physiques et mentales ; il recherche et peu à peu élargi les étroits passages secrets qui vont permettre à des facultés supérieures d’échapper à leur prison corporelle. Il doit forcer certains passages mais il doit être prudent pour ne pas endommager cette demeure merveilleuse qui est son corps, qu’il doit entretenir avec soin et amour. Tout ascétisme, toute brutalité envers soi-même lui sont interdits. Le yogi, par sa puissance, contrôle les effets du temps et prolongent indéfiniment son existence ; il acquiert une perpétuelle jeunesse, conserve ce corps adolescent qu’il transmutera un jour s’il réussit dans son entreprise, en un corps céleste. Il reste mortel, car les dieux eux-mêmes sont mortels, même lorsqu’il atteint une prodigieuse longévité confondue parfois avec l’immortalité. C’est par la force de ses pouvoirs qu’il atteint une connaissance supra humaine de la nature et de la structure du monde.

Le Yoga Tantra nous enseigne comment, en réduisant l’activité mental et en augmentant les temps de vrai silence de l’esprit, et en contrôlant les rythmes vitaux déterminant le temps et l‘espace relatifs, on peut dépasser le temps et la dimension, et percevoir le passé ou le futur, l’infiniment grand ou l’infiniment petit ; on peut également maitriser les énergies vitales orientées vers la survie de l’espèce. C’est dans la caverne du cœur que nous réalisons l’immensité de l’espace, et c’est en contrôlant nos propres rythmes vitaux que nous nous échappons du pouvoir du temps. En atteignant la source de la vie, nous pouvons échapper au pouvoir de la mort. En explorant les sphères inconnues en nous même, nous pouvons visiter les mondes célestes et infernaux. Il s’agit de devenir conscient de la réalité voilée du monde des relations et des apparences, Maya, et d’échapper aux lois d’attachement qui nous rend esclave. Cette technologie de la conscience fait peur aux prédateurs psychopathes qui ont tout fait pour nous enlever la magie de l’être et la spiritualité authentique. Elle permet aussi de rétablir des valeurs guerrières propre à l’animal humain, si on le souhaite, et d’abolir la séparation du sacré d’avec le profane.

« Les grands saints qui se sont éveillés du rêve cosmique de Maya et qui ont réalisé que le monde est une idée du Mental Divin, peuvent faire ce qu’ils veulent du corps, sachant qu’il n’est qu’une forme manipulable d’énergie gelée ou condensée. Quand le soi est en communion avec une puissance plus élevée, la nature obéit automatiquement à la volonté de l’homme, sans tension ni fatigue. Ce pouvoir de diriger la nature sans effort est qualifié de miraculeux par le matérialiste qui ne comprend pas. »

Paramhansa Yogananda Autobiographie d’un yogi

ST, Cycle de Nairatmya 2019, révisé cycle de Sodashi 2021

Géobiotantra est l’auteur de toutes les photos de cet article.