Le Logo de GéoBioTantra représente deux serpents cornus entrelacés formant une Mandorla et portant sur leur front un joyau. Un logo permet d’identifier, tel un emblème, une marque de reconnaissance, et il parle (logos) d’une manière symbolique, s’adressant au subconscient en modelant une empreinte archétypale et mémorielle. En dessinant ce logo, j’ai laissé s’exprimer mon imagination avant tout, guidée par affinité, beauté et plaisir. C’est par la suite, en désirant écrire cet article, que j’ai découvert et redécouvert quelques-unes des nombreuses significations que peut véhiculer ce dessin. Le motif du serpent se retrouve dans toutes les cultures, sur tous les continents, venant des civilisations les plus reculées. Je me contenterai ici d’en présenter quelques-unes, d’une manière non exhaustive, mais cela va me permettre d’évoquer certains aspects des disciplines, visions et sujets abordées sur ce site.
Le serpent possède de nombreuses représentations et interprétations intemporelles. Il est un symbole de sagesse, de connaissance, de vie, de mort, de genèse et de régénération, de mue et de transformation, d’énergie, de fluidité, d’inconscient, d’instinct, de pouvoir et d’initiation. Il est aussi une marque de souveraineté temporelle et spirituelle, car on le retrouve sur la couronne égyptienne en tant qu’uraeus. Symbole d’illumination, car on le retrouve protégeant le Bouddha lors de son illumination. Il est aussi lié à la lune, à l’eau dans tous ses états, au feu aussi, le feu de la transformation, le feu électrique qui circule dans l’univers et dans toute vie. Symbole de la force vitale de la Nature, il est aussi relatif à la magie, formant un lien par lui-même ; les sociétés nordiques gravaient sur les pierres des ‘serpents runiques’, des runes au sein d’un serpent, montrant certainement la force primordiale qui entoure ces inscriptions.
Les anciens parlaient d’une légende, celle des mystérieux Peuples Serpents connus de toutes les anciennes civilisations. Les Nagas, en Indes, dont vous avez une représentation, Nag Kanya, sur la section Déesse Terre, les Amaru d’Amérique du Sud, le Serpent à Plumes Quetzalcoatl du Mexique, le Djedhi en Egypte, les Lung (dragons) en Chine et les Adders, tels qu’étaient appelés les druides du plus haut rang dans le monde celte. ‘Serpent, je suis un druide’. Les Serpents de la Sagesse étaient accueillis par les peuples indigènes comme les ‘Serpents prophètes’. Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur certains de ces Serpents dans d’autres articles, et de le faire revenir en nous et autour de nous grâce au GéoBioTantra, pourquoi pas.
Serpents Sophistes
« Soyez sages comme des serpents » disait Jésus le gnostique…
Le serpent fascine et éveille de nombreuses connotations en nous, différant selon notre culture et conditionnement ; les animaux représentent et sont des forces naturelles émanées par la Magna Mater, qui matérialise ce monde et toutes ses créatures grâce à son Imagination Divine. Qu’est-ce que le serpent pour Elle ? Parmi tout le bestiaire immense et varié que comporte cette planète, le serpent reste particulier. Dans le logo de GéoBioTantra, les deux serpents forment par leur danse une amande, aussi appelée mandorle, qui est une très ancienne représentation du pouvoir créateur féminin, comme une porte, un passage et qui n’est pas sans rappeler une vulve, à juste titre. Des personnages sacrés sont souvent représentés dans cette amande femelle et génératrice dans les iconographies religieuses, gravées ou peintes, sur les murs des temples ou dans les livres.
“.. Sophos, le mot grec pour la sagesse, et Sophia, la Vierge de Lumière, peut être relié à Is ophis, la ‘lumière d’ophis’, le serpent.”
The Lost Language of Symbolism, Harold Bayley
Certaines traditions hermétiques nomme la Terre la Reine des Serpents. Elle mue sept fois, comme les serpents, au cours d’un cycle temporel de millions d’années. L’image du serpent en tant qu’incarnation de la sagesse transmise par Sophia était un emblème utilisé par le gnosticisme, en particulier par les sectes Ophites, le peuple des serpents. Les Ophites ou Ophiens (du grec ὄφιανοι > ὄφις, serpent) aussi appelés naassènes (de naas, serpent en hébreu) sont des sectes gnostiques apparues en Syrie et Égypte vers l’an 100 de notre ère. Le point commun de ces sectes était de vouloir donner une large importance à la symbolique du serpent, Nahash, dans la lecture de la Genèse, et d’établir un lien entre la gnose et le fruit défendu de l’arbre de la connaissance. Contrastant avec l’interprétation chrétienne faisant du serpent l’incarnation de Satan, les Ophites voyaient dans le serpent un héros tandis qu’ils voyaient dans Elohim, le dieu de l’Ancien Testament qui créa et maudit Adam et Ève, un démiurge envieux et aveugle, Ialdabaôth, l’ennemi de l’humanité. Le mythe de la Genèse gnostique est l’inverse de la genèse judéo chrétienne.
“Les grecs appellent les Marsiens ‘Osciens’, comme s’il s’agissait d’ophskoi, parce qu’ils avaient de nombreux serpents, et ophis signifie serpents. Ils sont aussi dits invulnérables à la sorcellerie des sorts. Comme les Ombriens, ils habitent la région des montagnes Apennins.” The Etymologies of Isidore of Seville, 7th century AD
C’est un serpent nommé Ladon qui garde le jardin des Hespérides, fils d’Echidna, la femme serpent, mythe que l’on retrouve dans l’Edda Nordique, le mythe d’Idunn. Idunn (Idun, Iduna, Idunna), est la déesse de la Jeunesse, de la Fertilité et de l’Amour. Dans la mythologie grecque, Églé ou Aeglé (en grec ancien Αἴγλη / Aíglê), signifiant “la brillante”, est une des trois Hespérides ou filles d’Hespérus, le frère d’Atlas. Ses deux sœurs se nomment Érythie (“la rouge”) et Hesperaréthousa (“l’Aréthuse du Couchant”). Héra les avait préposées, ainsi que Ladon, dragon immortel à cent têtes, à la garde des fameuses pommes d’or qu’elle avait reçues de la Terre (Gaïa) à l’occasion de son mariage avec Zeus. Les pommes d’or sont les pommes de la connaissance et de la jeunesse éternelle. Merlin les connaît sur l’île des Pommes et il enseignait toujours sous un pommier. Eve et Adam connaissent les pommes dans l’Eden, la biosphère gaïenne.
Eve d’abord, puis Adam, reçoivent du royaume supérieur, le Plérôme, l’esprit qui devînt une femme, « la mère des vivants » et « la thérapeute » qui protège la vie. (Hypostase des Archons, Nag Hammadi 89,15). Les archontes, l’anomalie inorganique engendrés par la chute de l’Eon Sophia hors du Plérôme, la désirèrent et voulurent la violenter, mais elle se transforma en arbre, et leur présenta seulement son ombre. Cette ombre devint «la femme charnelle » (90,2), l’Ève biblique, la femme d’Adam. La femme spirituelle prit la forme du serpent et, sous cette forme, instruisit Ève sur le fruit de l’arbre de la connaissance, c’est-à-dire les facultés de perception accrue. Ève et Adam croquèrent le fruit de l’arbre, malgré l’interdiction des archontes de toucher au fruit défendu, le fruit de l’illumination. (Archontes est l’autre nom pour les autorités.) Le couple primordial fut chassé, pourchassé, et la chasse continue encore de nos jours par d’innombrables voies, car les piliers de la domination archontiques agissent au travers de toutes les nuances de patriarcat, dans tout ce qui est bio phobique, anti-vivant, dans l’anéantissement de la Souveraineté et de la Connaissance, dans la répression du féminin instructeur et l’endormissement du masculin protecteur. ‘Ils’ ont clairement peur du réveil du pouvoir du serpent en chacun de nous.
John Lash, érudit, mystique et expert du mythe de Sophia et des enseignements des Mystères, nous explique que Le texte (Hypostase des Archons 90.10) fait un jeu de mots en Araméen entre serpent et instructeur. Le “principe féminin d’initiation”, c’est la Kundalini, le pouvoir du serpent. Ce pouvoir est une faculté innée de connaissance dans la communion ou d’extase cognitive. Les autorités agirent sous l’emprise de la jalousie lorsqu’ils interdirent l’accès à l’arbre de connaissance précisément parce que le fruit de l’arbre libère le pouvoir du serpent. Le mythe suggère que ce pouvoir appartenait originellement aux serpents, ou était véhiculé par les serpents, et qu’il leur fut retiré pour être confié aux êtres humains. La “femme charnelle”, également appelée l’Eve sarkique, est une femme liée biologiquement en contraste avec la femme spirituelle ou “pneumatique” qui est l’instructrice de la race humaine. Dans le mythe Gnostique, Eve, la femme Spirituelle ou Pneumatique, n’est pas celle qui tente Adam mais celle qui le libère. Elle est différenciée de la femme charnelle, une créature qui est sous la dépendance de sa nature biologique plutôt que d’en exercer la maîtrise… La “malédiction sur le serpent” est leur riposte vis à vis de l’instructeur serpent, la Kundalini, grâce à laquelle les humains peuvent résister et repousser l’intrusion extra-terrestre ( aka les archons) et guérir les traumatismes provoqués par l’agression Archontique. La Kundalini est la médecine du serpent.
Serpents cornus
Les deux serpents du logo de GéoBioTantra sont représentés avec des cornes, qui sont des symboles d’élévation, de réceptivité, de fertilité, de puissance, d’initiation et d’illumination. Il existe des serpents à cornes dans la nature, des vipères que l’on retrouve en Afrique et au Moyen Orient.
Les guerriers de diverses cultures, notamment gaulois, portaient des casques à cornes ; les cornes des animaux mâles tels que le bélier ou le taureau leurs servent à se battre et à prévenir de leur force et de leur bravoure. Symbole tant masculin que féminin (la Déesse égyptienne Hathor porte des cornes de vaches), les cornes sont aussi portées par certains chamans, en particulier des cornes de cervidé, rappelant le dieu celte cornu Cernnunos. La traduction usuelle du théonyme Cernunnos est « (dieu) cornu », gallois carn ou cyrn, breton karn et kern. Le thème kern désigne en celtique expressément le sommet de la tête et il s’apparente aux mots indo-européens désignant des bêtes à corne en général et le cerf en particulier. En effet ḱer- (« corne, tête ») qui donne, pour le sens de « corne » : κέρας, kéras en grec ancien, horn en anglais, Horn en allemand. Ce radical signifie également « tête ». De là, les mots latins cerebrum (« cerveau »), cervix (« cou »), cervus (« cerf » = animal à cornes), cervesia (« cervoise » = boisson qui monte à la tête ou boisson de la couleur du cerf), crapula (« gueule de bois »). ker-, kor- que l’on peut comparer avec κόραξ, kóraks (« corbeau »), l’oiseau mythique des sorciers, κορωνός, korōnós (« courbé »), et qui a ainsi donné en latin corona (« couronne, guirlande », « cercle », « réunion »). La couronne, autre nom pour le septième chakra d’illumination au-dessus de la tête, est un insigne de pouvoir élevé, elle amplifie la puissance de pensée et de perception de celui qui la porte, et la royauté authentique, en tant qu’émanation de la source de lumière, témoigne des secrets de la souveraineté naturelle incombée par la Déesse Mère. Le mot grec Keraunos, qui désigne la foudre, semble bien être dérivé aussi de la même racine ; les éclairs de l’activité neuronale dans nos têtes et la foudre qui tombe partout sur terre à chaque seconde ne sont-ils pas en apposition ? D’ailleurs, si vous vous intéressez au Tantra Planétaire, vous saurez que le nom auquel répond la Déesse Mère aujourd’hui est ‘Eclair charmeur’…
Un cairn est un haut lieu, un tumulus de pierre élevé au-dessus des sépultures par les Celtes en Bretagne, Irlande et en Ecosse notamment. C’est aussi un monticule de pierre placées pour marquer un endroit. Toujours dans Cernunnos, l’élément -unnos est, quant à lui, un suffixe augmentatif dont la signification porte sur la qualité physique du morphème central -cern. On pourrait ainsi traduire de façon littérale Cernunnos par « bellement corné », ou encore « belles cornes, beau cornu ». Sans jeu d’image bien sûr… Ce Dieu est le gardien de la vie sauvage et de la nature dans son état primitif, indompté et sensuel. Associé au monde souterrain et à la fertilité, comme le serpent, Cernunnos est lié aux rythmes cycliques des saisons, de vie, de mort, de renaissance et à la sexualité naturelle et libre qui a cours dans la nature, et qu’a perdu la majorité des animaux humains, comme l’Eve charnelle. La renaissance fait aussi écho aux deux fois nés, une façon de désigner les initiés. Plonger dans le royaume des Enfers est en effet associé avec de nombreux rites initiatiques.
Les représentations de Cernnunos ressemblent à celle du Shiva primordial que l’on retrouve dans l’ancienne civilisation de l’Indus. Shiva est le guerrier chaman, Seigneur du Yoga, des bêtes sauvages, Maître du bétail (Pashupati), le bétail étant les non-initiés. Dans le Mahâbhârata, texte fondateur de la mythologie hindoue, le pinaka, l’arc de Shiva, porte le Grand Serpent-arc-en-ciel enroulé sur la corde qui sert à tendre l’arc. Cette image est lourde de signification car l’arc-en-ciel est perçu comme un pont entre le ciel et la terre. On peut facilement apparenter Shiva, l’errant portant de multiple serpents et l’excessif avec Dyonisos, un dieu grec représenté avec des cornes et, ou, avec un corps de serpent. Dyonisos est la deuxième naissance de Zagreus, ‘le petit cornu’, serpent dont la tête est surmontée de cornes de bélier. Le chaudron de Gundestrup représente le dieu gaulois Cernunnos tenant dans sa main une forme de Zagreus, un serpent à cornes de bélier.
On pourra citer Pan bien sûr, le grand païen. Dans la mythologie grecque, Pan (en grec ancien Πάν / Pan, « tout », anciennement « campagnard », selon certains écrits, ou de πάειν / páein, « faire paître ») est une divinité de la Nature, protecteur des bergers et des troupeaux. Il est souvent représenté comme une créature chimérique, mi-homme mi-bouc, à l’image des satyres dont il partage la compagnie. Pan serait l’un des rares noms divins attribuables à la période commune des Indo-Européens. Avant de devenir le « dieu des Pâtres », Pan est un dieu-lune, dont la spécialisation ultérieure serait peut-être due à ses cornes, qui sont initialement un croissant de lune. Le dieu Lune est également lié au pastoralisme par la pratique du pâturage nocturne. Devons-nous rappeler le croissant de lune que porte Shiva sur sa tête ? Du dieu Pan vient l’origine du mot panikos qui a ensuite donné « panique ». Une peur que l’on qualifie de panique est une peur sans sujet, sans cause légitime. La panique de Pan est une peur collective, elle est liée à la foule hystérique en raison de la capacité qui lui était attribuée de faire perdre l’humanité aux guerriers en plein combat. Le grand retour du naturel sauvage va certainement entraîner la panique chez les plus dénaturés ; ne l’ont-ils pas appelé Satan, ce dieu cornu, qui enseigne les troupeaux aux mystères de lune et de la Terre ?
Les cornes rappellent ainsi la lumière de nos canaux de perception extrasensorielle (télépathie, médiumnité, clair voyance…), les sens subtils, et aussi la réceptivité des forces et des informations cosmiques. Les biodynamistes utilisent des cornes qu’ils enterrent durant l’hiver et dans lesquelles ils mettent de la fumure, afin de l’astraliser et développer son pouvoir fertiliseur. Les animaux sont très sensibles aux énergies de la Terre, ses courants telluriques, ses vortex et cheminées cosmo-telluriques. Les cornes représentent cette captation provenant de la Terre et du Ciel ; leur développement en nous témoigne de nos capacités extra-sensorielles et du recouvrement de nos facultés authentiques d’enfants lumineux d’origine divine.
Ce processus d’éveil et de mémoire reflètent également nos dons divins. Parmi les dons cités dans les enseignements gnostiques, on retrouve l’Intelligence Divine (nous en grec, qui a donner la noosphère ou la méta-intelligence planétaire), Metanoia (la capacité de renouveler l’esprit, d’aller au-delà des limites de la pensée ordinaire), Dianoia (la capacité de communication et le dialogue inspiré qui suscite de nouvelle compréhension et intuition), Ennoia (l’intention consciente, la faculté de diriger ou de concentrer notre Intelligence Divine), Perinoia (la faculté ludique de jouer et de prétendre), Enthymesis (l’enthousiasme, le désir, la capacité érotique), la latitude cognitive (l’intention et le libre arbitre), la proprioception (la faculté d’apprendre au niveau du génie), et l’Epinoia lumineuse (le pouvoir d’imagination qui nous permet d’engager le sacré et de participer à l’histoire de Sophia avec la pensée créative).
Salsa de Serpents
Il n’y aurait pas de Tantra sans dualité, la tension entre forces opposées qui innervent la vie. L’équilibre est une illusion passagère dans cet univers en fluctuation continue. Et pour fusionner ou unir, il faut deux éléments. Dans la nature, on retrouve cette polarité partout, parce que l’électro-magnétisme remplit l’univers de ses propres principes. C’est pourquoi il y a deux serpents connotant un mouvement représenté dans le logo de GéoBioTantra. Les deux courants qui s’entrelacent le long du canal pranique Susumna, dans lequel passerait la Kundalini, logée au sein de la colonne vertébrale, sont dits masculin (Pingala-solaire) et féminin (Ida-lunaire), et ils fusionnent, Shakti (le pouvoir de manifestation) fusionne avec Shiva (la fabrique de l’existence), pour atteindre liberté extatique, vérité transcendantale et pouvoir magique et créateur. Ou peut-être est-ce plutôt la communion de la force de vie individuelle avec la force de vie planétaire ?… Dans le Sophia Mythos recomposé par John Lash grâce en grande partie aux écrits gnostiques de Nag Hammadi, les Eons ou Dieux du Plérôme, exécutent une danse sacrée aux allures de Yin et Yang afin de pouvoir projeter une singularité, tel que l’Anthropos, dans les bras galactiques et sa myriade de mondes, afin que ce sujet d’expérience s’y épanouisse dans la liberté qu’ils lui ont octroyé. La danse couplée est à la base de la création.
La danse est beaucoup plus mystique que l’on pense, plus profonde que ce que l’on rencontre aujourd’hui, où danser en club s’apparente à un concours narcissique des meilleures pauses. L’humanité a depuis la nuit des temps observer le ballet harmonieux des constellations, des étoiles et des planètes dans le ciel ; la musique des sphères, la danse et la poésie n’étaient pas séparées, et reprenaient, mimaient en chœur la danse du cosmos par des mouvements et des rythmes emplis de significations. Les sociétés archaïques n’ont pas de rituel sans danse, les sociétés africaines rythment toutes leurs activités quotidiennes avec des chants et le battement du tambour. La danse est un catalyseur vers la communion, avec le divin comme les derviches tourneurs, avec les ancêtres qui dansent dans notre ADN, provoquant des états de trance. La trance permet la connexion au monde invisible. Les danses indiennes tel que le Baratnatyam témoignent de la célébration du sacré dans chaque geste et regard, par la participation joyeuse de l’ensemble du corps et de l’être, comme une prière ou une intention en mouvement. Cette intégration corps-esprit est également un des bienfaits qu’apportent les techniques yogiques.
« L’homme a reçu des dieux, avec le sentiment du plaisir, celui du rythme et de l’harmonie. Les dieux eux-mêmes se font les conducteurs de ses danses, et le nom du chœur, Choros, dérive tout naturellement du mot qui signifie joie, chorà. »
Platon, Lois, II, 653/4.
Ainsi la danse de ces deux serpents engendre un entrelac (entre-là), une toile en expansion, un tissage magique, un labyrinthe tantrique, un enchevêtrement vibrant et vibratoire, un chassé-croisé perpétuel que la vie et la destinée génère, sans commencement ni fin. Il n’y a pas vraiment de centre, contrairement à la pensée archontique centripète qui centralise tout et s’illusionne d’une unique unité globale et d’un ordre fixe. Les deux serpents par leur circulation relient deux opposés, la terre, le ciel, comme le Yoga, ou la (l’authentique) religion relie les hommes au divin, et le divin aux hommes. Physiologiquement, les fascias ou tissus conjonctifs lient holistiquement l’ensemble du corps et ses parties, et permet à l’information d’y circuler.
« On sait que l’utilisation du lacet pour la chasse, dès l’époque préhistorique, dut être le point de départ de la magie du liage dont ethnologues et historiens ont accumulé tant de preuves. De l’ensemble des mythes, rites et superstitions qu’ils ont recueillis, ressort que le motif lier-délier tend à une action sur la vie cosmique, sur la pluie, sur la maladie et sur la mort. »
Mourgues Marcelle, La Danse Provençale, ses origines, ses symboles.
Les nœuds et entrelacs sont des protections contre les énergies hostiles ; les celto-nordiques les gravaient partout. Les femmes du sud de l’Inde tracent encore au sol des entrelacs avec de la farine de riz appelés kolam rangoli, plus géométriques, mais pas moins auspicieux et protecteurs, dans leur intention du moins.
Aditi la “déliée” (a, privatif et diti, “état de ce qui est lié”), qui est la mère des Aditya, les dieux de la… Vérité” d’où l’on doit évidemment conclure que la fausseté, l’erreur, l’ignorance, le mensonge, sont des liens, et que la Vérité est une libération ! Varuna/ Jupiter lie par la foudre c’est à dire qu’il frappe ceux qui ont violé leur serment ou les traités. Mithra (“contrat”) délie parce que le “Droit” apporte une voie sereine dans l’observation de la “sauvegarde des rapports humains”, la fides. »
Christian Manbon, l’Arbre de Mai
L’amour, les rencontres, la famille, les alliances, la terre d’origine, les serments et les vœux créent des liens qu’il faut parfois couper, trancher pour retrouver sa liberté ou qu’il faut renforcer afin de s’épanouir. On pourrait ainsi parler d’attachement et de détachement. Prendre les choses pour soi est, en général, un attachement de l’ego par exemple. La magie lie également, à des forces, en premier lieu, et elle peut créer des liens (filtre d’amour), et lier des forces obscurs et funèbres pour les maintenir à leur place, comme le faisait Wotan, le ‘Maître des liens obscurs’.
« Haptagud, est un “Dieu aux liens”, une figure de Wotan qui enlève ou pose des liens : il lie en tant qu’ordonnateur du monde, il libère soit par l’illumination, l’enseignement (la Connaissance), soit par la mort »
R.J. Thibaud, Dictionnaire de Mythologie et de Symbolique celte
Les entrelacs sont aussi des figures que l’on peut voir sous conscience modifiée, ces formes que l’on retrouve dans l’art cachemirien ou perse, identifiés au style psychédélique des années 60, des motifs qui reprennent ceux du tapis magique qui s’étend sous vos yeux lors d’extase cognitive, tissu de lumière et premier levage de voile vers la Lumière Organique, la lumière immanente de Sophia sous sa forme éonique, que certains initiés, encore aujourd’hui, ont eu l’occasion de rencontrer et d’interroger. La rencontre directe avec la Lumière Organique, telle que l’a nommée John Lash, était le cœur des enseignements des Mystères gnostiques.
Médecine de Serpent
Avant que la médecine devienne une science, le rôle de physicien et de prêtre était combiné dans toutes les cultures, que l’on nomme aujourd’hui comme sorcier-guérisseur, chaman, homme ou femme médecine, et les charmeurs de serpents antiques furent les guérisseurs traditionnels. Leur but était holistique, la guérison à la fois du corps et de l’esprit, en prenant compte de l’environnement, le lieu de guérison et le lieu d’habitation. Les personnes venant au temple d’Asclépios en Grèce, lieu de naissance de cette divinité, dormaient sur place pour avoir des rêves qui seraient interprétés le lendemain, donnant des indications ou des remèdes. Chez les grecs, les égyptiens et les indiens, le serpent représentaient l’âme : sans patte, il ne laisse pas de trace en passant de vie en vie. Le trou du serpent est certainement un lieu de pouvoir, une porte sur les Enfers, sur l’inconscient et les trésors gaïens. Le sous-sol est la terre des ancêtres, l’Intraterre. Notre société a largement perdu sa connexion avec l’ancestralité et son patrimoine génétique sacrée, les lignées ancestrales, que l’on pourrait nommer la vigne d’immortalité, le serpent que tient Ophiuchus, la treizième constellation du Zodiaque. Se souvenir de ses origines guérit. Et nos origines terrestres sont liées à un coin de Terre. Tous ne se ressemblent pas, pas de globalisation ici, car la diversité prévaut partout sur Terre, et la Mère Eonique adore la diversité. Il s’agit du mystère de la loi du sang et du sol, qui sont intimement liés et que raconte le culte des anciens.
“… ce n’était pas le mort en soi, mais le mort conçu comme une force qui subsiste, qui continue à être présente dans les couches profondes d’une lignée et dans le destin d’une famille, d’une gens ou d’une race vivante et à agir positivement sur cette lignée (…) le mort est uni aux vivants, non comme simple énergie de la race, comme la “vie” du sang, mais transfiguré, comme un principe lumineux qui a pour corps la flamme rituellement allumée au centre de la maison patricienne”
Evola dans La vision romaine du sacré, dans Symboles et “mythes” de la tradition occidentale, Arché 1980.
D’un point de vue tantrique, la lignée se nomme Kula, ou Kaula, avec sa gardienne Kula Devi, et qui représente un clan, une tribu, un groupe de Tantrikas, qui s’auto-sélectionnent et qui vénèrent Shakti, Kali, Tripurasundari, et la Kundalini, la force de vie pranique et électrique à double hélice qui anime le corps et nous relie à la Terre, clan aux pratiques jugées immorales par les ‘bien-pensants’. Alors que pour ces adeptes de la Déesse et du Yoga Tantra, l’ignorance notamment spirituelle, est jugée impure, mais aucune pratique ou objet n’est intrinsèquement impure. Ils utilisent ce que certains jugent répréhensible pour atteindre la transcendance et s’organisent autour de la souveraineté, la liberté de conscience et la libération, au-dessus de toute restriction et conditionnement.
« Le couple (yamala) est la conscience elle-même, l’émission unificatrice et la demeure stable. Il s’agit de l’Absolu, la félicité cosmique consistant à la fois en Shiva et Shakti. C’est le secret suprême de Kula ; ni au repos ni émergent, c’est la fontaine intarissable à la fois du repos et de l’émergence. »
Abhinavagupta dans Tantraloka
Être en santé, c’est, physiquement et primordialement, avoir une colonne vertébrale qui tienne la route. Tout le système nerveux dépend de la colonne. Et un serpent, c’est une colonne vertébrale. La seule chose qui importe lorsque vous méditez, c’est de se tenir la colonne droite, afin que le serpent Kundalini puisse monter ou descendre facilement dans le canal Susumna, afin que s’unisse la Terre et le Ciel, le dedans et le dehors. La panacée des postures de Yoga se nomme Bhujangasana, la pose du cobra, qui exécutée correctement, provoque la montée de la Kundalini et soulage tous les maux de dos.
Le venin du cobra est utilisé dans certaines préparations ayurvédiques. Poison ou remède, c’est une question de dosage. Le venin est associé avec des composants chimiques de plantes et de champignons qui ont le pouvoir de guérir, d‘empoisonner ou de produire une conscience élargie grâce à la divine intoxication. Dû à ses connaissances sur les herbes et les enthéogènes et leurs associations, le serpent était considéré comme l’un des animaux les plus sages, en étant proche du divin. Les anciens pensaient en effet que les serpents avaient la faculté de découvrir des herbes curatives, peut-être parce qu’ils sont capables de sentir grâce à leur odorat les composants chimiques des herbes. Ils possèdent l’organe de Jacobson dans leur bouche qui fonctionne comme un récepteur chimique. Le serpent agite sa langue pour gouter l’air et lorsqu’il rentre sa langue dans sa bouche, la fourche de sa langue se place sur l’organe de Jacobson où les molécules chimiques sont identifiées. Ou peut-être était-ce parce que le Grand Serpent MahaKundala, la Kundalini de la Terre, leurs enseignaient directement l’art de la guérison, par les plantes (les chamanes de l’Amazonie connaissent toute la pharmacopée à leur disposition dans leur coin de jungle, qui leur enseignent, mise à part la transmission générationnelle ? Une voix dans leur silence intérieur leur indique les propriétés de chaque plante, et ils sont très familiers avec la Femme Anaconda, l’Esprit de la Terre qu’ils rencontrent dans leur session d’ayahuasca) et par la maîtrise de la Kundalini, qui permet de guérir la conscience en plongeant dans l’inconscient.
Tout le monde connait le caducée, un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque, représenté comme une baguette de laurier ou d’olivier surmonté de deux ailes et entouré de deux serpents entrelacés, et ce symbole serait d’origine sumérienne. Le caducée sert à guérir les morsures de serpents et c’est pourquoi il en est orné. Le caducée symbolise tout ce qui se rapporte au commerce et au transport, à l’éloquence et certainement à l’alchimie.
Dans la mythologie grecque, Asclépios (en grec ancien Ἀσκληπιός / Asklêpiós ou Ésculepe, en latin Aesculapius) est dans l’épopée homérique un héros thessalien puis, à l’époque classique, le dieu gréco-romain de la médecine. Fils d’Apollon, il meurt foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité les morts, avant d’être placé dans le ciel sous la forme de la constellation du Serpentaire, Ophiuchus, le Charmeur de Serpent, le Porteur de Serpent. Il correspond à l’Esculape romain, dont le nom est une traduction en alphabet latin du dieu grec, et à l’Imhotep égyptien. Le bâton d’Asclépios a été repris comme symbole par plusieurs professions médicales et paramédicales. En France, le « caducée de la médecine » est composé d’un bâton surmonté du miroir de la prudence, autour duquel s’enroule une Couleuvre d’Esculape (l’ensemble est dessiné en rouge sur fond blanc). Le bâton d’Asclépios, comme une colonne vertébrale, est son attribut, et a le pouvoir de guérir toutes sortes de maladies. A propos de géobiologie, j’ai eu l’occasion d’observer des avens, c’est-à-dire des gouffres, pas obligatoirement très larges, au pied de menhirs, en Occitanie, où le sol calcaire engendre ce genre de formation. Pourquoi les anciens ont-ils placé ces menhirs phalliques auprès de ces trous de serpents ? Le serpent, sortant de son trou, ne monterait-il pas le long du menhir comme le long du bâton d’Asclépios ? Les serpents sont en effet aussi un symbole pour les énergies de la Terre, les courants telluriques qui innervent le sol ; on les appelle aussi dragons, notamment dans le Feng Shui. En tout cas, les courants telluriques, qui sont électriques, à basse fréquence, sont régénérateurs ; les pèlerinages tels Saint Jacques de Compostelle, suivent le tracé des courants importants, et pour suivre la règle de la polarité, il faut parcourir le sentier dans les deux sens pour bénéficier du pouvoir alchimique régénérateur du pèlerinage. Les énergies de la Terre Mère sont guérisseurs, encore faut-il s’y intéresser, les sentir et les reconnaître.
Le mouvement, c’est la vie ! La libre circulation dans le corps des énergies, la libération des articulations, est un des buts principaux des exercices yogiques ou de Chi Qong, Tai Chi. Les peuples anciens étaient férus d’art et de sport, plutôt que de guerre et de finance. Le Journal of the American Medical Association ou JAMA nous dit que Scholia dans l’Iliade d’Homer que le nom d’Asclépios était dérivé des mots signifiant appliquer/exercer (askein) et rendre les membres souples (epia). Le grec askein a donné le mot ascétique, un hermite, (un pratiquant du yoga pour sûr), à partir du grec asketikos, asketes, ‘celui qui fait des exercices ou des pratiques’, venant de askein ‘s’exercer, s’entrainer’. –epia, –epios, dans le nom Asklêpiós est traduit variablement par ‘souple’, gentil, calme, apaisant’. Dans la mythologie grecque, Épione ou Épioné (« celle qui soulage les maux ») est une nymphe. Princesse de Cos, elle est l’épouse d’Asclépios, dieu de la Médecine avec qui elle aura neuf enfants : Six filles : Hygie, déesse de la Santé, surtout par la médecine préventive, de la propreté et de l’hygiène ; Panacée, la guérison par les plantes ; Méditrine, la guérisseuse ; Acéso, le processus de guérison ; Iaso, la guérison par les soins du père ; Églé, mère des Trois Grâces. Et trois fils : Machaon, chirurgien, qui combattit à Troie avec son frère Podalire et a été tué par Euripile ; Podalire, médecin généraliste ; Télesphore, dieu de la Convalescence.
La médecine du Serpent est l’histoire de la Sagesse, que j’espère partager avec ceux que je rencontrerai, si telle est leur disposition. Les enseignements des anciennes écoles des Mystères nous disent que les êtres humains sont dotés de dons divins à travers lesquels s’épanouir et exprimer notre potentiel divin. Les dons du féminin, en parlant cerveau droit, sagesse du cœur et du corps ont depuis trop longtemps été réprimés. L’Histoire du Serpent de Sagesse nous raconte beaucoup à propos des obstacles qu’il faut consciemment reconnaître afin de libérer nos pouvoirs et dons et de pouvoir se satisfaire des vraies choses. La Sagesse trouve son chemin vers nous, que vous le sachiez ou non. Et nos dons sont vraiment très puissants, ils ont juste besoin, comme nos désirs, d’être déconditionnés et utilisés afin qu’ils puissent se développer et que nous en acquérions la maîtrise. L’image du serpent nous rappelle la réclamation de nos pouvoirs de Sagesse afin de danser notre vie et d’amener le changement tant attendu dans ce monde merveilleux et magique que l’on nomme planète Terre.
ST, en complétion du cycle de Vudasi-Parnashavari 2019, Alpes du Sud
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